Du 22 au 29 juin 1977, s’est tenu au Centre culturel international de Cérisy-la-Salle un colloque intitulé Prétexte : Roland Barthes, sous la direction d’Antoine Compagnon et avec la participation de Roland Barthes. Invité parmi de nombreux autres participants, Alain Robbe-Grillet y a prononcé une communication intitulée Pourquoi j’aime Barthes, en forme de dialogue ouvert avec Roland Barthes lui-même. Ce texte constitue le cœur du présent volume. S’y ajoutent deux autres textes : Le parti pris de Roland Barthes, que Robbe-Grillet avait écrit pour Le Nouvel Observateur en 1981, ainsi que Un Roland Barthes de plus, rédigé pour le catalogue de l’exposition de dessins de Roland Barthes présentée au musée du centre culturel de la Banco do Brasil, à Rio de Janeiro en 1995. Ce recueil dont l’édition a été établie par Olivier Corpet, directeur de l’IMEC, comprend enfin un texte inédit intitulé J’aime, j’aime pas. « J’aimerais seulement qu’il s’agisse, non pas d’un monologue, mais plutôt d’un échange entre Barthes et moi sur un certain nombre de points qui me tiennent à cœur, mais sont encore très vagues dans ma tête. Le propos était : pourquoi j’aime Barthes ? Et ce simple énoncé commence déjà à me poser des quantités de problèmes. Les trois mots : « pourquoi », « j’aime » et « Barthes » me semblent mériter à eux seuls tout un colloque. [...] Le mot « Barthes », donc, c’est évidemment l’écrivain Barthes. Mais je sens bien que c’est aussi autre chose : il y a un personnage, et pas seulement parce que je connais Roland. Il y a une contradiction à l’intérieur de ce mot. Je ne vais pas dire que j’opte pour ceci ou pour cela : 30% de texte et 70% de personnage : c’est impossible. Il y a non pas une identité entre ce personnage et son texte, mais au contraire des rapports de tension, de contradiction. [...] Dans ce que je viens de dire apparaît déjà une coloration du mot : « j’aime ». Les rapports que j’entretiens avec cette œuvre-personnage, ce texte-personne, ce texte-corps et qui sont des rapports de romancier à romancier, définissent un certain type de rapports amoureux, de contact affectif. Et le troisième mot alors, va surgir dans toute son impossibilité, le mot « pourquoi ». Tout ce que je viens de dire s’oppose à la notion de « parce que ». Tout ce trouble que j’ai introduit à propos de ces deux mots-là, « Barthes » et « j’aime », va rendre absolument impossible le domaine du « parce que » et je serais amené rapidement à le remplacer par le domaine du « comment ». Comment est-ce que ça se passe quand un de ses textes me tourne dans la tête ? Comment est-ce que je vis avec ce texte-là ? » (Alain Robbe-Grillet)De Roland Barthes, paraissent simultanément Carnets du voyage en Chine (Christian Bourgois) et Journal de deuil (Seuil).
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